Au retour du reportage de la Sprint Avalanche des Arcs, j’avais décidé de m’accorder une journée de repos. Il faisait beau en montagne. J'entrepris donc de faire l’ascension à VTT, de la longue route qui conduit de Valloire au Col du Galibier, 17km pour 1100 m de dénivelée.
Réserve d’eau casse-croûte, rustines et pompe, sans oublier un coupe-vent pour la descente, malgré une température estivale des plus engageante. Le premier kilomètre, on le sais, est le plus dure, car non seulement la montée est immédiate et brutale, mais surtout les muscles sont froids et renâclent à accomplir leur tache. Y monter en voiture eut été si simple! Puis, passé ce malaise bien connu des sportifs qui savent que leur corps saura leur concocter un mélange dopant à l’adrénaline (naturelle), la route s’étire à travers des campagnes alpines où le moindre chalet s’est transformé en gîte, restaurant, où autres buvettes. Qu’il fera bon d’y faire une halte au retour ! Mais pour l’instant l’effort à vouloir avancer occupe la quasi-totalité de mon esprit. Rapidement, enfin c’est une façon de parler, le paysage se resserre, les versants se redressent, la roche apparaît à nu, abrasée par les frottements incisifs d’un glacier, disparu depuis des millénaires sans doute. La vallée est sinueuse et cache le but, le col, ce passage vers la délivrance. Nombreux sont les gens, assis là sur le bord de la route à regarder ceux qui triment sur leur machine à pédales. Certains m’adressent des paroles d'encouragement, pensant que je souffre en mon état de grimpeur. Merci..., leur répondais-je, le courage, je n'en manque pas, ce n'est qu'une question de temps ! Pourtant je viens d’aborder la portion décisive de l’ascension : un mur de plusieurs centaines de mètres de hauteur au sommet duquel on aperçoit de toutes petites silhouettes, sortes de fourmis arpentant la ligne de crête.
Mais ce qu'ils n'ont pas su, mes camping-caristes du dimanche, c'est qu'au bout du 16è kilomètre, juste avant d'arriver à l'approche du dernier virage, prémices de la délivrance, j'ai éprouvé, le temps d'une respiration, un grand bonheur, celui d'être là, à pédaler tout en sachant que le but était enfin proche. Question de temps, tout simplement.
Mes vacances? ce fut cela, le temps d'une journée, accordée entre deux tâches, téléphone en veille, avec en récompense une descente à travers rocailles et prairies, gorges et vallons, alpages et troupeaux de brebis, m'abreuvant de temps en temps à quelques sources ou torrent d'eau vive, discutant avec d'autres vacanciers, égarés là au coeur de ce massif qu'on nomme les Ecrins. Nous nous photographiâmes mutuellement afin d'être sûr que nous étions bien là au temps présent.